Qui suis-je pour toi, Seigneur ?

La présente réflexion est en lien étroit avec l’Évangile qui a été proclamé lors de la messe du jour – dimanche, 24 août 2014 – célébrée par le prêtre aumônier au Centre de Détention Archambault situé à Sainte-Anne-des-Plaines, alors que nous y étions en mission. La présente réflexion, loin de remplacer l’homélie du prêtre en cette occasion, fut seulement laissée à ceux présents qui souhaitaient l’accueillir pour en faire une lecture ultérieure. Lors de cette merveilleuse rencontre d’évangélisation, il y eut de très édifiantes rencontres, avec de riches échanges… Il y eut aussi l’occasion de livrer un témoignage de foi percutant qui a eu son effet – au regard des réactions et commentaires suscités !

Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 16, 13-20

Quelques pistes de réflexions personnelles

Qui suis-je ?

[15] « Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? »

[16] Simon-Pierre répondit : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant.« 

[17] En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux. [[1]]

[15] le,gei auvtoi/j( ~Umei/j de. ti,na me le,gete ei=nai*

[16] avpokriqei.j de. Si,mwn Pe,troj ei=pen( Su. ei= o` Cristo.j o` ui`o.j tou/ qeou/ tou/ zw/ntoj)

[17] avpokriqei.j de. o` VIhsou/j ei=pen auvtw/|( Maka,rioj ei=( Si,mwn Bariwna/( o[ti sa.rx kai. ai-ma ouvk avpeka,luye,n soi avllV o` path,r mou o` evn toi/j ouvranoi/j)

Première observation :

Dans l’Évangile du jour, nous retrouvons la célèbre déclaration de foi faite par l’Apôtre Simon-Pierre : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant ! ». Par la Grâce de Dieu – le Dieu de la Révélation, Celui qui se révèle – l’Apôtre fait la découverte de sa vie : Jésus n’est pas qu’un homme envoyé par Dieu-Père, Il est lui-même Dieu-Fils venu en ce monde ! C’est Dieu-Esprit (l’Esprit-Saint) qui nous fait découvrir et rencontrer Jésus. Et c’est par Jésus que nous découvrons le Père : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9). C’est aussi par lui seul que nous avons accès au Père : « Nul ne vient au Père que par moi » (Jn 14, 6)…

Question : Qui est Jésus pour toi ? (qui suis-je – ti,na me le,gete ei=nai)

La Bonne Nouvelle, celle qui conduit au bonheur (heureux – Maka,rioj)[2], qui le fait expérimenter déjà, c’est cette grande et bouleversante découverte que chacun peut faire, par la Grâce de Dieu (le Dieu qui se révèle) : Jésus est Seigneur ! (Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant – Su. ei= o` Cristo.j o` ui`o.j tou/ qeou/ tou/ zw/ntoj) Et puisqu’il est Dieu (avec le Père et l’Esprit), ayant eu la Victoire définitive sur la Mort lors de sa Résurrection, Il n’est pas qu’un personnage du passé, mais encore et toujours Celui que l’on peut rencontrer dans l’aujourd’hui de notre propre vie !

Question : As-tu personnellement rencontré Jésus, le Ressuscité ?

Oui, heureux (heureux – Maka,rioj), tu peux l’être ! Lorsque l’on parle de rencontrer Jésus, il ne s’agit pas d’une fiction, d’un délire, d’une illusion, d’une fable… C’est bien réel ! La réalité est cependant composée de plusieurs « dimensions ». Par exemple, elle peut être dite matérielle ou physique, lorsqu’elle est constituée de matière ; lorsqu’elle concerne les aspects extérieurs ou visibles des choses, des personnes. Ici, il est plutôt question de la dimension intérieure et expérientielle. On peut faire l’expérience bien réelle d’une chose, sans que celle-ci soit matérielle et visible. C’est le cas des relations humaines par exemple, lorsqu’elles sont envisagées au niveau de l’intériorité. Dans ce cas, les relations ne peuvent être mesurées ou définies sous l’oeil d’un microscope… Existent-elles moins pour autant ? Sont-elles moins réelles ? Ainsi en est-il de la rencontre avec le Seigneur… Faire l’expérience de Dieu, de la rencontre-relation avec Lui, intérieurement, avoir le sentiment de sa Présence, le connaître par expérience, cela est bien réel ! Plusieurs personnes peuvent en témoigner ! Le Seigneur veut te rencontrer toi, d’une manière personnalisée… Il frappe à la porte de ton coeur, lui ouvriras-tu ?

Qui suis-je ?

[17] En réponse, Jésus lui dit : « Tu es heureux, Simon fils de Jonas, car cette révélation t’est venue, non de la chair et du sang, mais de mon Père qui est dans les cieux.

[18] Eh bien ! moi je te dis : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Eglise, et les Portes de l’Hadès ne tiendront pas contre elle.

[19] Je te donnerai les clefs du Royaume des Cieux : quoi que tu lies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour lié, et quoi que tu délies sur la terre, ce sera tenu dans les cieux pour délié. »

[17] avpokriqei.j de. o` VIhsou/j ei=pen auvtw/|( Maka,rioj ei=( Si,mwn Bariwna/( o[ti sa.rx kai. ai-ma ouvk avpeka,luye,n soi avllV o` path,r mou o` evn toi/j ouvranoi/j)

[18] kavgw. de, soi le,gw o[ti su. ei= Pe,troj( kai. evpi. tau,th| th/| pe,tra| oivkodomh,sw mou th.n evkklhsi,an kai. pu,lai a[|dou ouv katiscu,sousin auvth/j)

[19] dw,sw soi ta.j klei/daj th/j basilei,aj tw/n ouvranw/n( kai. o] eva.n dh,sh|j evpi. th/j gh/j e;stai dedeme,non evn toi/j ouvranoi/j( kai. o] eva.n lu,sh|j evpi. th/j gh/j e;stai lelume,non evn toi/j ouvranoi/j)

Deuxième observation :

As-tu remarqué que Simon fils de Jonas – Si,mwn Bariwna reçoit un nom nouveau : Pierre–  Pe,troj. Dans la Sainte Écriture, « […] le nom révèle ainsi l’identité et la vocation d’une personne […]. Connaître le nom d’une personne revient à avoir accès au mystère de son être[3]. » Il y a ici un avant et un après. Dès que l’Apôtre Simon reconnaît l’identité réelle de Jésus, Fils de Dieu, c’est là qu’il reçoit son nom nouveau. Oui, lorsque quelqu’un expérimente dans sa vie la rencontre-découverte de Jésus-Christ, Fils de Dieu et qu’alors Jésus devient pour lui « mon Seigneur et mon Dieu, mon Sauveur » (« Mais pour vous, leur dit-il, qui suis-je ? » : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant. » [versets 15-16]), il y a dès lors une dynamique réciproque de révélationAinsi, la question de Jésus « Qui suis-je pour toi ? » conduit la personne qui y répond vers la découverte de sa propre identité personnelle : « Et pour toi Seigneur, qui suis-je ? » À son tour, Jésus révèle à son disciple qui il est pour Lui, à ses yeux, selon son Coeur.

Question : Qui es-tu, toi ?

Au cours de ta vie, bien des personnes te diront qui tu es à leurs yeux… On te définira de plusieurs manières : par exemple, selon tes qualités ou défauts, forces et faiblesses, selon ta fonction ou ton emploi dans la société, selon tes réussites ou tes échecs, selon une étape dans ta vie, etc. Leurs regards sont-ils toujours ajustés aux vues de Dieu, le seul qui a une vision parfaite ? Lorsque Notre Seigneur regarde quelqu’un, c’est toujours avec amour et vérité, avec miséricorde, avec confiance : oui, malgré tout ce qui est moins élogieux dans notre vie, Jésus ne cesse de croire en nous. Lui, Il sait à quelle identité nous sommes appelés… Devenir toujours un « meilleur soi-même », l’être unique, voulu et aimé par Dieu. Son regard relève, son regard guérit et sauve[4], son regard n’emprisonne pas, il libère !

Es-tu en prison ? Cela ne te définit pas comme personne : tu n’es pas fondamentalement « un prisonnier »… Tu vis un temps en milieu carcéral, mais ton être n’est pas réduit à cela… Cela ne définit pas ta vie… Il y a un avant, un après… Il y a aussi un pendant qui ne doit pas se limiter à la situation extérieure, celle des barreaux derrière lesquels tu as été mis en détention. Si limité que soit l’environnement physique autour de toi, il y a un très vaste espace intérieur, un continent à explorer… Là aussi il y a ta vie actuelle, ton être, où tu peux expérimenter la vraie liberté de celles et ceux qui entretiennent une relation personnelle avec Notre Seigneur et Sauveur.

Rappelle-toi qu’il y a une différence entre réussir dans la vie et réussir sa vie – l’un n’empêche pas l’autre évidemment. Lorsque dans la vie, il y a des échecs et des souffrances, réussir sa vie est toujours une possibilité bien réelle qui s’offre à toi. Et c’est ce que désire Jésus pour toi, pour tous ! Avec Lui sur la route de l’existence, ça fait toute la différence, quelles que soient les difficultés vécues… Il a Lui-même accepté de vivre la souffrance afin d’être solidaire et proche de toi dans la tienne. Et cela, pour qu’au cœur même de cette difficulté souffrante, puisse surgir une réalité nouvelle, d’abord intérieure… Et c’est à partir de l’intérieur que vont progressivement naître des changements extérieurs. Oui, Jésus frappe à la porte de ton coeur, lui ouvriras-tu ? Le laisseras-tu être pour toi le Fils de Dieu, ton Seigneur et Sauveur ? Lui donneras-tu l’occasion de te révéler à toi-même qui tu es pour Lui, à ses yeux ? …Ce que tu es appelé à être, à devenir ? Le laisseras-tu te regarder, t’aimer, te pardonner, te transformer intérieurement, te faire expérimenter un paradis en ton être… ?

C’est ce que je te souhaite sincèrement… Qu’au milieu d’un ciel nuageux puisse transparaître pour toi les puissants rayons de la lumière du Christ, qui éclairent et réchauffent, redonnent la vie, font croître et s’épanouir…

On s’en reparle si tu veux,

D’ici là, soit assuré de mes prières pour toi,

Par Jean-René Duchesneau, Communauté de l’Amen

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[1] « Nul ne peut venir à moi si le Père qui m’a envoyé ne l’attire. » (Jn 6, 44 ; voir aussi verset 65)

[2] Dans les Écritures saintes, on retrouve de nombreux « macarismes » (ou Béatitudes). Il s’agit d’un terme tirant son origine du grec ancien (Maka,rioj Macarios), et qui signifie toujours un appel au bonheur offert par Dieu.

[3] P. Mourlon Beernaert, Agneau et berger, le Christ de l’Apocalypse, Bruxelles, Lumen Vitae, 2009, p. 16.

[4] Le mot « salut » vient étymologiquement d’un terme grec « swthri,a – sotéria » et signifie littéralement « santé »… Le Nom de Jésus veut dire « Dieu sauve »… Il apporte le Salut, la Santé, Il guérit profondément l’être humain qui s’expose à Lui, à son regard, à son Cœur-Sacré.

 

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