Réduction anthropologique – une idéologie connue

Bien que le sujet mériterait un traitement élaboré, ici, nous choisissons une réflexion sous la modalité d’une simple esquisse. (Une réflexion de type « intellectuelle »)

L’être humain, composé d’un corps et d’une âme spirituelle, est bien plus que sa dimension physique et psychologique. Il est un être spirituel, « religieux ». Cette condition native est universelle… De tous les temps, les lieux, les cultures, etc., le fait est là, observable, et dès lors depuis longtemps reconnu par plusieurs champs disciplinaires (philosophique, sociologique, anthropologique, historique, archéologique, etc.). Dans le catéchisme de l’Église Catholique, nous retrouverons entre autres choses l’expression « Capax Dei » (l’être humain est « capable de Dieu », donc naturellement créé avec la dimension spirituelle lui permettant l’« accès conscient » à la « réalité divine »). En philosophie, on entend par exemple l’expression « quête du transcendant » (la quête native de ce qui nous dépasse, la métaphysique, le divin)… Bref, nous voyons entre autres choses inscrites en l’être humain les profondes questions de sens (par exemple concernant l’être et l’existence, la finalité ultime, Dieu,…). Oui, il y a là une dimension (spirituelle) en développement, même à un stade préliminaire… Cela est un fait établi !

L’identité d’une personne comporte ainsi la dimension religieuse, quel que soit son stade de développement. L’être humain expérimente plus ou moins consciemment, mais très réellement, des besoins de nature spirituelle et religieuse. Et cela est viscéral, irrépressible !

La psychologie clinicienne rencontre l’une de ses limites disciplinaires lorsque les questions de sens ultimes surgissent avec force… À titre illustratif, le décès d’un être cher n’est pas qu’une simple question de deuil psychologique… Un proche endeuillé pourra expérimenter l’impératif besoin d’avoir des éléments de réponse que ne peuvent fournir la psychologie… La vie posthume (après la mort), la survivance de l’être aimé défunt (son âme par exemple), sa destinée ultime (et la nôtre) la possibilité ou non et le comment – au présent et au futur – des relations avec ces êtres chers défunts, etc. Bref, ce ne sont que de simples exemples d’éléments encore pourtant embryonnaires en son développement expressif qui relèvent d’un autre ordre de connaissance et dont plusieurs importantes disciplines, telle la psychologie, pourront honnêtement et humblement admettre leur limite à y répondre. À moins qu’un praticien s’improvise en dehors de son champ d’expertise, en émettant ses propres opinions et croyances concernant la question religieuse… Lorsque cela arrive, puisse s.v.p. ce professionnel de la santé admettre d’emblée à son interlocuteur qu’il s’agit bien là d’opinions et de croyances personnelles, non professionnelles (puisque ne relevant pas de son champ disciplinaire spécifique). Pour le domaine spirituel et religieux, il y a des ressources depuis longtemps reconnues en termes de légitimité…

Comment comprendre alors que soit pour le moment « évacuée » la sphère religieuse dans le domaine des soins essentiels. Il nous suffit de penser à la question des funérailles. Une entreprise de pompes funèbres serait-elle plus apte à s’occuper de la dimension religieuse que la « religion » elle-même ? Bien qu’il y ait une dimension psychologique en termes de « rite de passage », les funérailles sont bien plus que cela !

Pourquoi la sphère religieuse est à ce point reléguée aux derniers rangs dans les préoccupations gouvernementales relatives au plan de déconfinement pandémique ? Qu’importe plus d’un facteur explicatif, il y a là la possibilité d’une idéologie connue… Une réduction anthropologique qui définit l’être humain par ses seules dimensions physiques, psychologiques, sociologiques… En évacuant la dimension spirituelle. Dérive possible d’une certaine conception de la laïcité de l’État, le désir de neutralité en matière religieuse peut conduire non à l’impartialité, mais à l’exclusion. La neutralité « parfaite » est un concept théorique, mais impossible dans les faits. L’être humain est toujours situé vis-à-vis la réalité pluridimensionnelle. Il est un être « en contact » avec le réel. Il en est « affecté » d’une manière ou l’autre.  Le véritable danger, c’est lorsque la prétention de neutralité conduit à ignorer ses propres postures, ses « a priori », etc.

Dans tous paradigmes où fut « exclue » la dimension religieuse, cela n’a pas été sans conséquence. Tôt ou tard, la réalité irréductible qu’est la dimension religieuse de l’être humain réagit, s’exprime, même en contexte répressif. Nous en voyons des signes actuellement… Souhaitons que nos gouvernants étatiques y soient attentifs. La dimension religieuse fait partie de l’essentiel. Il y a là des besoins essentiels !

Si l’on voit comme service essentiel les médecines douces tout azimut (même pour ce qui relève non de la science, mais de la seule croyance)… Si l’on se préoccupe de l’esthétique, du toilettage même des animaux, pourquoi ne pas permettre de prendre soin de l’âme…!?

Bien humblement,

Jean-René Duchesneau, Communauté de l’Amen

26 mai 2020

 

© Copyright 2020 – Jean-René Duchesneau, Communauté de l’Amen